jour 8# Celle qui Creuse

lundi 11 mars 2013, par Leonor

Résidence à la Paillette. Jour 8.


Leonor :
"Hier j’ai pris mon petit camion jaune, avec à l’intérieur une vieille machine à coudre, l’imprimante, les livres que j’aimerai feuilleter pendant ces deux semaines. A chaque fois je prends deux sacs pleins des livres, des documents (ça me rassure) et à chaque fois j’arrive à en lire au mieux un. Voici les trésors de ma sacoche :

"Noir" Michel Pastoureau ; "Théorie de l’art moderne" Paul Klee ; "L’archéologie du savoir" Michel Foucault ; Dictionnaire bilingue L.S.F ; "Le théâtre de la Mort" Tadeusz Kantor ; "La construction du personnage" Constantin Stanislavski ; "Seuls" Wajdi Mouawad ; "La mémoire retrouvée des Républicains espagnols" Gabrielle Garcia et Isabelle Matas ; "L’acteur au XX siècle" et l’anthologie poétique de Lorca.

C’est fou comme on a besoin de se sentir entouré, de remplir l’espace autour de nous. Ces livres sont comme des bouées dans la mer, je sais qu’ils sont là si je perds le cap. Je n’ai qu’à les ouvrir et ils me donnent la réponse.
Par exemple : je vais prendre la théorie de l’art, je vais ouvrir le livre et voir ce qu’il me dit :

"L’œil suit les chemins qui lui ont été ménagés dans l’œuvre"

Bon, à réfléchir…

Sinon : neige, froid, route et enfin la boite noire !

Nous nous sommes retrouvés Gaëtan et moi. J’ai l’impression que je le connais depuis très longtemps.

Nous remontons dans le camion direction Pleuscan pour nous installer dans un petit gîte magnifique, en pierre, tenu par une gentille jeune femme toute en douceur. Le meilleur gîte depuis mes nombreuses années de tournées, d’hôtels, chambres d’hôtes, caravanes, campings et même salles de sport.
Voici le lien au cas où…

http://www.gitesdefrance35.com/fr/gites-de-france/g4074-4-pers-2-ch-2-epis-plechatel-2230.html#hautcontenu-autres

Et Celle qui Creuse ?

Il faut du temps pour aller au trou !

Après-midi du lundi 11

Lecture et relecture du texte. Nous préparons notre lecture du soir chez Philippe Saumon. Je sens qu’il y a quelque chose qui cloche, alors je propose à Gaëtan de faire le début en mouvement, de se laisser aller à ce qui vient, même si on a le texte en main. Résultat ; la lecture devient une sorte d’incarnation de la pièce. Nous mettons en place un canevas de récit avec des déplacements, du jeu, des intentions… C’est bien, ça veut dire que ce texte, ce verbe nous pousse à chercher l’enjeu, à chercher l’autre…
Par contre, dans cette nouvelle mouture je sens que le début est difficile à appréhender. J’ai du mal à entrer dans la chair, à savoir ce que je défends, comme si tout allait trop vite vers ce qui doit être dit.

Depuis la première mouture j’ai modifié quelques fragments et, entre autre, le début de la pièce. Avant, le temps s’écoulait plus doucement, on n’allait pas tout de suite vers la voix de la sœur (la première parole à dire). La Femme-Sans-Nom (notre protagoniste) était plus mystérieuse, plus en retrait et plus animale. Là, je sens qu’il faut (peut-être) revenir, trouver la justesse de son entrée et du premier mot.

Peut-être que ce n’est pas un problème de texte mais de silence à donner au début ?

Mais ça, nous ne pourrons le savoir qu’une fois épuisés tous les possibles du plateau.

18h30 Philippe nous appelle pour nous dire que la lecture a été annulée à cause de la neige.

Gaëtan et moi nous sommes déçus mais à la fois nous avons très bien travaillé l’après-midi. Et puis, il fait froid, et j’ai envie de rentrer dans notre petit gîte pour boire un verre de rosé et faire à manger.

Ce soir nous mangeons :
"Lentejas a lo pobre" (Les lentilles du pauvre)
Ce sont les lentilles que j’ai fait le dimanche avec tout ce que j’avais dans mon frigidaire. Nous avons mangé ces lentilles à midi et le soir aussi.

Pour l’arrivée de Loïc je prépare des "Boulettes à la coriandre".

Recette :

Beaucoup de coriandre

Viande hachée

De l’ail finement coupé

Un œuf

De la farine

Des épices : piment d’Espagne, cumin, sel de Guérande, poivre

Huile d’olive

Sauce Tomate

Carottes

En faisant les boulettes je pensais à ma mère et à ce geste que je reconnais, celui de prendre une petite boule de viande aux mille couleurs, de l’étreindre bien fort au creux de la main et tout doucement de la faire tourner jusqu’à lui donner la force d’une météorite puis de la déposer sur l’œuf et de lui faire tourner la tête. Puis on abandonne l’œuf pour la farine et elle devient toute blanche et toute lisse : ma boulette ! On la frit dans l’huile d’olive frémissante. Une fois toutes les boulettes cuites, on fait une sauce avec les carottes cuites à la vapeur, l’oignon, le vin blanc, les tomates et une "pensée des lointains" ; puis on laisse reposer et on sert avec de la semoule ou bien, pour les plus aventureux, des frites maison.

La cuisine est tout un art comme le théâtre. Moi, je fais du théâtre comme je fais la cuisine, avec ce que j’ai, avec ce que je trouve, c’est comme ça que j’ai appris la vie et que j’aime le théâtre…

Le théâtre pauvre, la cuisine pauvre, l’art du rien !"


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